notion de titre
Actions et obligations sont des titres. La notion de titre - avec les notions de marché interbancaire et de bilan - forme le socle de base du cours INFOFI2000. Aucune connaissance préalable n'est nécessaire pour les comprendre. En revanche, ces trois notions sont vraiment importantes pour la suite, car c'est à partir d'elles que tout le reste du cours est construit. | |
La meilleure introduction à la notion de titre consiste à de partir de la notion de prêt. Une notion qui fait pour ainsi dire partie de la vie courante, qu’il s’agisse de prêt immobilier, de prêt d’études ou de prêt pour l’acquisition d’un bien important, voiture ou autre. |
Un titre, au sens financier, désigne tout document donnant à celui qui le détient le droit à recevoir de l'argent. Une action, une obligation, une reconnaissance de dette sont des titres. Voyons comment l'idée du titre est née et comment elle a pu s'imposer.
Prenons l’exemple d’un prêt direct entre personnes, comme cela existe souvent, un prêt entre amis.
Imaginons un particulier héritant de cinquante mille euros, une somme dont il n’a pas l’emploi immédiat, et qu’il n’hésite pas à prêter à un très vieil ami qui lui en fait la demande. Les deux amis conviennent d’un prêt remboursable en totalité à l’issue d’une période de cinq ans et porteur d’intérêts intermédiaires. Ils s’entendent pour garder une trace écrite de leur accord et rédigent un document ressemblant en tous points à un contrat de prêt. Les choses se passent bien, les intérêts sont payés aux échéances convenues. Mais la troisième année, le prêteur découvre qu’il aurait bien besoin de ses cinquante mille euros car il doit faire face à une dépense imprévue. Impossible, moralement, de demander le remboursement anticipé du prêt à son ami, qui d’ailleurs ne le pourrait pas. Le prêteur n’a d’autre ressource que de s’adresser à son banquier.
C’est précisément pour faire face à ce genre de situation qu’une autre manière de faire les choses a été conçue. Plutôt qu’une sorte de contrat de prêt liant le prêteur et l’emprunteur, il aurait été plus simple d’établir un document signé par l’emprunteur et lui seul, précisant son engagement à payer au porteur cinquante mille euros à une date du futur et des intérêts sur cette somme. Quelque chose comme une reconnaissance de dette, mais sans mention de bénéficiaire.
Le prêteur aurait alors tout simplement « acheté » ce papier. L’avantage ? Le papier en question serait devenu immédiatement cessible. En d’autres termes, le prêteur aurait pu le revendre à tout moment, au bout de trois ans dans ce cas, sans aucune formalité. A condition bien-sûr de trouver un acheteur, c’est-à-dire quelqu’un disposé à prêter cinquante mille euros remboursable deux ans plus tard, et produisant l’intérêt fixé à l’origine. Difficile ? Peut-être, sauf si on imagine que les taux d’intérêts ont baissé sur la période écoulée, auquel cas le « placement » sur deux ans au taux d’origine devient avantageux. .
Le papier cessible qu’auraient pu imaginer nos deux amis est l’ancêtre de ce qu’on appelle aujourd’hui - pour les entreprises et les États - une Obligation.
Le succès des obligations est phénoménal: il y a dans le monde énormément d’entreprises et d’États qui ont besoin d’argent. Et il y a en face énormément d’autres entreprises, d’États et d’institutions qui ont de l’argent disponible. Cette demande et cette offre se rencontrent chaque jour sur un « marché » appelé marché obligataire.
Les prêteurs, du fait de leur nombre sont toujours sûrs de pourvoir revendre les obligations achetées, avec, en prime, la possibilité de faire un bénéfice.Cette souplesse considérable explique l’immense succès de cette forme de prêt. Les volumes quotidiens avoisinent les milliers |
de milliards d’Euros! Comme beaucoup d’inventions financières, celle-ci repose sur une observation de bon sens : un prêteur sera d’autant plus disposé à prêter qu’il sait qu’il n’est pas lié à l’emprunteur, et qu’il peut récupérer sa mise à tout moment sans gêner l’emprunteur.
Mais il y a mieux encore !
Ce mieux c’est l’emprunt qui n’est jamais remboursé par l’emprunteur, et que pourtant le prêteur peut néanmoins récupérer à tout moment.
Ce miracle, c’est la bourse ! Voyons cela. Une entreprise qui a besoin d’argent pour financer un investissement – recruter ou acheter des machines – a le choix entre trois solutions : elle peut souscrire un crédit bancaire, émettre des obligations ou aller en bourse. Un crédit bancaire doit être impérativement remboursé. Une émission obligataire aussi …. sauf qu’il y a un moyen de l’éviter !
Par exemple en émettant, le jour du remboursement, de nouvelles obligations pour le même montant que celles qui sont arrivées à échéances. L’argent « frais » ainsi obtenu permet le remboursement des obligations précédentes. L’opération est neutre pour l’entreprise. Un emprunteur bien connu le fait chaque semaine, ou presque ! Cet emprunteur c’est …l’État français.
Pour les actions c’est beaucoup plus simple. Les actions émises ne sont jamais remboursées … par l’entreprise. Sauf cas exceptionnel, lorsqu’une entreprise est dissoute, ce qui n’arrive jamais ou presque, ou, cas très rare aussi, lorsque l’entreprise rembourse pour partie les actionnaires. En fait ce sont les actionnaires qui décident.
Mais comment ceux qui achètent des actions acceptent-ils de n’être jamais remboursés ? La réponse est : ils savent qu’ils ne seront jamais remboursés par l’entreprise, mais ils pourront revendre leurs actions à tout moment sur le marché, c’est-à-dire en bourse. Avec là-aussi, comme pour les obligations l’espoir de gagner plus, mais aussi de perdre.
Voilà tout simplement exposé le principe du marché. Avec en prime, l’explication du mécanisme de la titrisation ! En effet transformer un crédit classique en titre cessible, en jargon, s’appelle titriser ce crédit.
|
Les billets de 10, 20, 100 € sont des titres. Attardons-nous sur cela.
Autrefois les billets étaient échangeables en une certaine quantité d'or, l'or détenu par les banques centrales. En 1970, ce lien a été rompu par les Etats-Unis, et dans leur sillage, par la plupart des pays.
En France, vers les années trente, les billets comportaient la mention "payable en espèces"! Espèces voulait sans doute dire or ou argent. Cette mention a disparu depuis longtemps déjà.
Un billet est une créance vis à vis de l'entité qui l'a émis. Cette créance n'est plus remboursable comme on vient de le voir, mais elle est suffisamment crédible pour être acceptée en paiement. Cette acceptation repose sur la confiance.
Pour bien comprendre cela, imaginez un papier sur lequel serait écrit "Je m'engage à payer 1000$ au porteur de ce papier - signé Bill Gates".
Quiconque détenant un ou plusieurs de ces "papiers' pourrait s'en servir pour régler ses achats. Personne ne douterait en effet de la capacité de Bill Gates à honorer sa "dette". Ces papiers auraient de la valeur du fait de la confiance inspirée par Bill Gates.
Il en est de même des billets de banque émis par les grands pays. Personne ne doute de la valeur des dollars ou des euros. Quoiqu'il arrive, les dollars et les euros ne sont plus échangeables en or par les banques centrales, mais personne ne doute de la capacité à acheter des biens et des services en dollar ou en euro dans les pays concernés.
Donc résumons: un billet est un titre. C'est une créance sur la banque centrale qui l'a émis. La confiance en l'émetteur donne à ce titre une valeur d'échange.
Tout le monde a une idée de ce qu'est la bourse: c'est un endroit où il est possible d'acheter et de vendre des actions. C'est très facile d'acheter ou de vendre des actions depuis chez soi, grâce à internet.
Ce qui est intéressant à observer, c'est la naissance d'une action. Les entreprises émettent des actions dans le but d'obtenir des ressources. Incidemment une introduction en bourse, en jargon financier, s'appelle une IPO, abréviation de Initial Public Offer.
Il existe d'autres manières d'obtenir des ressources, le crédit bancaire par exemple, mais, du point de vue de l'entreprise, les actions ont une caractéristique vraiment intéressante: l'entreprise ne rembourse jamais les acheteurs de ses actions.
C'est un "crédit" qui n'est jamais remboursé ... ou presque (dans le très rare cas de réduction du capital décidée par la majorité des actionnaires).
Pour illustrer cela, un exemple tiré de l'actualité de novembre 2014: Ali Baba, la société chinoise a vendu des actions nouvellement créées pour 25 milliards de $. C'était sa première entrée en bourse, une IPO réussie donc, puisque les acheteurs étaient au rendez-vous.
Une action se revend d'un clic. Il y a toujours un acheteur. Le vendeur peut réaliser un bénéfice ou une perte. C'est toute la dimension du "pari" que fait l'investisseur sur l'évolution possible des cours.
Si l'on regarde le nombre d'actions échangées chaque jour sur un site comme boursorama, on a une idée de l'activité endiablée des investisseurs.
Prenons l'exemple d'Apple:
Regardez le volume, c'est-à-dire le nombre d'actions Apple échangées chaque jour entre le 3 et le 7 novembre. Ce nombre a varié de 34 et 52 millions! Soit un montant de 5 milliards de $ (une fraction de la valeur totale d'Apple en bourse). |
Le miracle de la bourse est la cohabitation de deux mondes ayant des visions opposées de la notion de temps.
L'entreprise est dans le temps long. Elle sait que les ressources obtenues lors de l'émission initiale (l'IPO), lui sont acquises dans la durée.
Les investisseurs sont dans le temps court, et même très court. Ils peuvent revendre à tout moment, voire même faire plusieurs aller-retours dans une même journée. Comme on peut s'en douter, l'accès initial à la bourse et le maintien de la cotation au fil du temps imposent naturellement des contraintes sévères pour les entreprises comme la publication trimestrielle de comptes certifiés et le respect des normes comptables
A noter que ces observations s'appliquent aux autres catégories de titres, comme les obligations.
Relisez attentivement ce qui précède, et vous serez "armé" pour découvrir le principe de la titrisation, et bien d'autres choses ! |
CONTINUER
accueil | titrisation | les marchés |
MAJ