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l'€uro - les eurobonds

 

 

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L'euro est une notion difficile à saisir. Élément banal de la vie quotidienne d'un côté et entité abstraite de l'autre. Ce côté abstrait découle de la notion de confiance qui accompagne toute monnaie. Un élément subjectif, perçu différemment selon que l'on est dans ou en dehors de la zone concernée. Aujourd'hui, les européens utilisent l'euro comme ils utilisaient leur monnaie nationale, sans y penser vraiment. Ils n'ont pas conscience du progrès qu'il a représenté et du chaos qui suivrait sa disparition.

La force de l'euro s'exprime  à l'international, où il s'est établi en concurrent sérieux du dollar. Elle s'exprime aussi à l'intérieur, dans son rôle protecteur. Avant l'euro, l'instabilité chronique du franc était le résultat d'une forte inflation et du déséquilibre importations-exportations. L'inflation a disparu, mais les comptes extérieurs se sont dégradés, de sorte que l'on assisterait au retour à l'instabilité. Le franc subirait l'immense pression des marchés. On ne peut plus parler de dévaluation puisque, faute de réserves en devises, la Banque de France ne pourrait pas annoncer une parité et s'y tenir. L'érosion du franc aurait un effet immédiat sur la dette française souscrite en dehors de France, dont le remboursement pèserait de plus en plus lourd. 

Plus grave encore, le retour au franc affaiblirait considérablement la position française sur la scène internationale, face aux grands blocs américains et asiatiques. Qu'on le veuille ou non, les rapports entre les blocs sont plus que jamais des rapports de force économiques et financiers. Se priver de l'euro signifierait un affaiblissement immédiat de la France vis-à-vis de ces blocs. La France n'a pas comme la Suisse, la Norvège ou même le Royaume-Uni des avantages comparatifs lui permettant de tirer son épingle du jeu en dehors de l'euro. 

 

 

l'action de la BCE  une monnaie respectée

sortir de l'euro les risques

la théorie économique les zones monétaires optimales

eurobonds la controverse

 

 

 

 

 

l'action de la BCE  une monnaie respectée

avant l'euro

L'opinion est sans mémoire. On a l'impression que l'euro, né le 1er janvier 2002, a toujours existé. La longue période d'une trentaine d'années qui a précédé, marquée par des dévaluations répétées et humiliantes, est déjà lointaine dans les esprits. 

La France dévaluait souvent sa monnaie et l'opération se faisait dans la douleur.

Le problème de base était le déficit du commerce extérieur. La France importait plus qu'elle n'exportait. La difficulté d'exporter était la conséquence des prix élevés, eux-mêmes conséquences d'une forte inflation intérieure. Concrètement, la dévaluation n'était pas décidée tranquillement, mais imposée par de violentes attaques du franc sur les marchés. Ceux qui avaient des francs les vendaient à tout prix contre des devises plus solides. La Banque de France puisait dans ses réserves de devises pour acheter les francs sur les marchés de manière à freiner la chute du cours, mais en vain. A chaque fois, ce scénario se terminait par une capitulation.

 

Après la dévaluation, les produits français devenaient momentanément attractifs à l'exportation, mais dans le même temps, les importations étaient plus chères, surtout le pétrole dont le pays avait grand besoin. La hausse des prix des produits importés grignotait peu à peu l'avantage initial de la dévaluation, de sorte qu'une nouvelle dévaluation devenait nécessaire.sur les marchés extérieurs quelques mois ou années après pour corriger le déficit extérieur. 

 

force de l'euro

 

Le passage à l'euro a complètement changé la donne. Géré de façon remarquable par la Banque Centrale Européenne, la devise européenne a conquis en un temps record, contre tous les pronostics, la place enviée de deuxième monnaie de réserve mondiale, après le dollar.

 

Cela signifie que  ceux qui ont des réserves (pays du Golfe, Chine, entreprises mondiales ) ont suffisamment confiance dans la force et la stabilité de l'euro pour placer dans cette devise une partie importante de leurs avoirs. Ce n'est pas qu'une une affaire de monnaie, mais, à travers la confiance dans la monnaie, la perception de la vraie puissance économique de l'Europe.

 

Grâce à l'euro, des pays plus ou moins forts isolément sur le plan économique, mais suffisamment complémentaires ont su constituer un ensemble unifié puissant.

 

Globalement le commerce extérieur des pays de la zone euro est excédentaire, ce qui veut dire que l'Europe n'a aucun problème de ressources en devise autre que l'euro pour honorer ses engagements, au contraire. La bonne santé globale de l'ensemble a même été à l'origine d'une hausse de l'euro par rapport au dollar, même si d'autres facteurs, comme les taux d'intérêts ont joué un rôle.

 

La France a bien évidemment profité de ce formidable bouclier protecteur. Son déficit extérieur ne pèse pas sur ses comptes, et n'entame pas le crédit extérieur de l'euro car il est compensé par les excédents des autres pays de la zone. Sans l'euro, notre pays aurait été affaibli. 

 

Il faut mettre au crédit de la BCE le succès indiscutable et la crédibilité de l'euro. 

 

un atout commercial 

 

En dehors du tourisme  et des problèmes de transfert d'argent au sein de la zone euro, la monnaie n'a pas changé de manière visible la vie de tous les jours des Français.

 

Pour les entreprises en revanche le changement a été considérable, et en premier lieu pour celles qui commercent avec les pays de la zone euro. Le coût du change a été éliminé, de même que le risque de change. Exporter ou importer vers ou depuis la zone euro est devenu aussi simple que vendre ou acheter sur le territoire national.

 

Les transactions commerciales en dehors de la zone euro ont également été facilitées par la relativité stabilité du taux de change de l'euro vis-à-vis des autres devises. Dit autrement, le risque de change est toujours présent mais dans des proportions fortement diminuées.

 

 

  

 

 

 

sortir de l'euro  les risques

La protection que nous apporte l'euro pourrait disparaître du jour au lendemain en cas de retour au franc.

 

Ce retour est présenté comme la solution d'un problème réel, la différence de productivité entre la France et l'Allemagne. Le retour au franc nous laisserait libres de corriger cette différence par le "jeu" de la dévaluation. 

 

Ce serait la très mauvaise solution d'un vrai problème, une utopie dangereuse par sa simplicité et donc par son attrait possible dans l'opinion.

 

Il faut imaginer le chaos que provoquerait le scénario de la sortie de l'euro. 

 

Les problèmes du déficit extérieur et de l'endettement français surgiraient  alors au premier plan, provoquant une spéculation immédiate et la dévaluation continue du franc sur les marchés, par rapport au dollar, au Yen et ... à l'euro, avec toutes ses conséquences économiques et sociales.

 

un chaos inéluctable?

 

Pour le comprendre, il faut partir de la réalité concrète. De nombreux acteurs de l'économie ont chaque jour besoin de se procurer des devises pour payer des importations, pour effectuer des remboursements de crédits accordés par des prêteurs situés hors de France, pour investir à l'étranger, acheter des actions, etc ...

 

Les emprunteurs sont des entreprises privées ou publiques, et l'État lui-même. Ceux qui prêtent, les créanciers donc, sont des banques, s'il s'agit de crédits, et plus généralement tous ceux qui détiennent hors de France des obligations émises par des emprunteurs français. 

 

Avec l'euro, pas de problème, puisque d'une part une grosse partie du commerce extérieur concerne les pays de la zone euro et pour le reste, les paiements en devises sont faciles à effectuer, sachant que la valeur de l'euro dans le temps est stable et en tout cas prévisible.

 

Sans l'euro, tout change, car alors ce n'est plus une partie des importations, mais la totalité qui devrait être réglée en devises et malheureusement, la France importe plus qu'elle n'exporte. Et c'est de même l'ensemble de la dette de l'État et du secteur privé placée hors de France qui devrait être remboursée en devises. 

 

Il s'ajouterait à cela un facteur aggravant. Les détenteurs de francs en France, anticipant l'affaiblissement de la monnaie, se dépêcheraient de les échanger contre des devises fortes, et ceux qui reçoivent des paiements en devises ne les convertiraient pas en francs. Sans compter la spéculation des marchés anticipant eux aussi  la baisse du franc. Comme on sait, le prix sur un marché résulte autant du rapport entre l'offre et la demande que de l'anticipation de ce rapport. 

 

Pour "tenir" la parité décrétée par la puissance publique après une sortie de l'euro, il faudrait que la Banque de France soit prête à vendre au cours fixé les devises nécessaires pour couvrir tous ces besoins.  Les réserves françaises seraient balayées en quelques heures, avec ou sans contrôle des changes. 

 

L'époque où un pays pouvait se "murer" et décréter unilatéralement un taux de change est révolue car les montants en jeu sur le marché sont des multiples de ce qu'ils étaient il y a trente ans.

 

La dimension du chaos serait en proportion directe de l'importance des liens économiques et financiers que la France a tissés partout du fait de la mondialisation. Des liens d'interdépendance sans comparaison avec ce qu'ils étaient dans les années  1970-1980.

 

Les problèmes monétaires seraient rapidement transportés au niveau de l'économie. Les prix en francs des importations monteraient au fil de l'érosion du franc, l'inflation exploserait. 

 

L'avantage de prix sur les marchés extérieurs consécutif à la dévaluation du franc serait illusoire pour une raison simple, la part de produits importés dans nos exportations, autrefois négligeable, atteint aujourd'hui 50%. 

 

La dette privée en cours, libellée en euros augmenterait au fil des dévaluations. La faillite menacerait les banques car les banques françaises ont des liens étroits avec leurs homologues de la zone euro et par ailleurs toutes ont émis des obligations dans et en dehors de la zone euro. 

 

La dette publique de la France représente l'équivalent du PIB, soit 2000 milliards d'euros. La moitié de cette dette, soit 1000 milliards est portée par des prêteurs étrangers.  

 

Pour rassurer ces prêteurs, et pouvoir obtenir de nouveaux prêts, il faudrait alors que la France s'engage à maintenir ses engagements existants en euro. La conséquence serait du jour au lendemain une augmentation de la dette en cours dans la même proportion que la dévaluation du franc nouvellement créé. La charge d'intérêts deviendrait insoutenable car le taux des nouveaux emprunts monterait en flèche.  

 

Pour les particuliers et les entreprises, le marché des changes serait encadré. Les banques seraient nationalisées. Seuls des taux d'intérêt astronomiques permettraient d'attirer de nouveaux prêteurs, pour rembourser la dette encours

 

En fait, dans la réalité, la simple évocation de ce scénario-catastrophe dans un contexte d'élections suffirait à provoquer la hausse immédiate des taux d'endettement français et la fuite des capitaux. Les marchés, comme cela a été dit, anticipent. 

 

L'exemple de la Suisse au premier trimestre 2016 montre bien. Ce pays n'a pas voulu suivre le mouvement de baisse de l'euro face au dollar. Mais voyant ses réserves en devises baisser de façon vertigineuse, la Banque Centrale Suisse a été contrainte d'abandonner en quelques jours sa politique de taux de change fixe entre le franc suisse et les autres devises.  

 

la France libre d'imposer sa monnaie aux créanciers extérieurs ?

 

Les partisans de la sortie de l'euro ne se contentent pas de plaider le retour à la souveraineté monétaire de la France et notamment la liberté de dévaluer. Il est aussi question d'une disposition du droit français autorisant l'État à convertir sa dette dans la monnaie nationale.

 

L'argument est fallacieux. Il serait suicidaire d'imposer aux prêteurs étrangers une telle disposition, même juridiquement fondée. Le rapport de forces est évidemment du coté des prêteurs. Les chances de trouver de nouveaux prêteurs seraient nulles si la France appliquait cette disposition.

 

Pour un prêteur étranger, accepter des remboursements en francs serait prendre le risque  de voir se dégrader la valeur des futurs remboursements.

 

Opposer cette disposition aux prêteurs étrangers serait le meilleur moyen de provoquer leur fuite et donc de mettre la France en situation de défaut généralisé vis-à-vis de ses créanciers. 

 

Or la continuité des prêts est essentielle pour la France, du fait qu'une grande partie des nouveaux prêts sert à rembourser ceux qui sont venus à échéance.

 

 

 

 

 

 

la théorie économique

Robert Mundell, prix Nobel 'Économie, a étudié la problématique de la monnaie unique. Observant la manière dont le dollar s'était imposé comme monnaie des États-Unis, il en a déduit les conditions nécessaires du succès d'une monnaie unique et défini les "Zones Monétaires Optimales".

 

Selon cette théorie, la correction des différences de productivité entre les pays qui ont adopté une monnaie unique repose sur deux conditions essentielles, la mobilité de la main d'oeuvre et surtout la centralisation budgétaire.

 

La mobilité permet aux habitants des régions (pays) défavorisés de trouver ailleurs un emploi. Le temps que l'autorité fédérale soit à même d'investir dans ces régions en retard de productivité. Sur ces deux points l'Europe souffre de handicap, la mobilité étant freinée par la barrière des langues et l'Europe n'ayant pas de réel pouvoir budgétaire. Il faut noter qu'une certaine mobilité existe néanmoins au sein de l'Europe et que l'absence d'un pouvoir budgétaire n'a pas empêché les transferts financiers annuels de centaines de milliards d'euros pour aider de nombreux pays - Espagne, Portugal, Grèce, pays de l'Est - à se moderniser.

 

Le renforcement du pouvoir budgétaire de l'Europe suppose l'unanimité des États membres de la zone euro. Les jeunes États américains ont rapidement accepté le transfert du pouvoir budgétaire à l'État fédéral, dans le cadre de la création du dollar. Il est certain que le processus sera plus difficile en Europe, où la force des traditions est naturellement plus importante.

 

La symbolique de État souverain pèse dans les esprits et peut fausser la lecture des faits. Il faut admettre que la petite "Grande France" est plus forte dans son alliance européenne. Dans le jeu des blocs, où face aux rapports de force grandissants.

 

Robert Mundell a d'abord fustigé l'euro au nom de de ses défauts de construction. Plus récemment il a reconnu que la déconstruction de l'euro apporterait plus de problèmes qu'elle n'en résoudrait. Il continue de plaider pour la centralisation budgétaire, un objectif que les opinions européennes ne sont pas encore disposées à accepter. 

  

 

 

 

 

 

 

eurobonds la controverse
00 bce (11).jpg Les eurobonds sont tout simplement le moyen pour un État d'emprunter au nom de l'Europe et non plus en son nom propre. C'est donc une manière de mettre en commun les dettes européennes avec pour conséquences principales le même taux d'intérêt pour tous et surtout la solidarité de tous en cas de défaillance de l'un d'entre eux. 

    

Aujourd'hui lorsqu'un pays emprunte, il le fait en émettant des obligations à son nom.

 

L'expression eurobond désigne une obligation émise par l'Europe, c'est-à-dire par l'une des institutions financières européennes. 

-euro signifie que l'engagement de rembourser l'eurobond est réparti sur l'ensemble des pays de la zone euro et non pas sur un pays en particulier.

-bond se traduit par obligation. 

 

Si tous les pays de la zone euro empruntaient via les eurobonds, la procédure d'emprunt serait simplifiée et porteuse de symbole. Ces pays n'emprunteraient plus de manière dispersée comme c'est le cas aujourd'hui, mais à travers une seule entité emprunteuse et au nom de l'EuropeIl faut aussi reconnaître que l'incitation à réduire la dette serait évidemment moins forte pour les pays déjà endettés, et c'est bien là LE problème qui retarde la généralisation de cet outil.  

 

la crise grecque à l'origine des eurobonds

 

Le scénario grec s'apparente à celui d'un débiteur fragile, membre d'une famille riche. Chacun des créanciers du débiteur fragile- banque, amis, relations d'affaires - est persuadé qu'en cas de problème la famille viendra toujours à la rescousse du membre défaillant et paiera les créanciers.

 

Aussi étonnant que cela puisse paraître, c'est exactement ce qui s'est passé avec la Grèce. Les banques du monde entier, les sociétés d'assurance, les fonds de pension les plus sérieux ont prêté à la Grèce, persuadés que l' "Europe", famille riche, garantirait implicitement la dette grecque, ou de l'un quelconque de ses membres d'ailleurs.  

Certes tous savaient que la contrainte de solidarité européenne ne figurait dans aucun texte. Le respect implicite de cette disposition était cependant imaginable car il en allait à leurs yeux de la force même de la monnaie européenne.

 

Lorsque les créanciers de la Grèce ont compris que l'Europe ne garantirait pas la dette de ce pays, un vent de panique s'est levé. De leur coté, bien-sûr, mais aussi du coté grec, car du jour au lendemain la Grèce ne trouvait plus d'acheteurs des nouvelles obligations émises, sauf à payer des taux d'intérêts extravagants.

 

L'idée de créer des eurobonds était astucieuse car elle permettait d'établir implicitement cette solidarité financière sans parler explicitement de garantie, inacceptable au plan juridique et politique.

 

conséquences de la solidarité financière 

 
Le détenteur de l'eurobond est sûr d'être payé puisque l'Europe est solvable. De son point de vue, le débiteur n'est pas l'un des pays européens mais l'ensemble de ceux-ci.

 

Du coté des débiteurs, donc du coté des Européens, la situation est moins simple. La solidarité a deux conséquences très concrètes.

 

En premier lieu, si l'un des pays européens est incapable de rembourser l'eurobond qui lui a permis d'emprunter, les autres doivent s'arranger entre eux pour payer à sa place. C'est bien évidemment l'un des points sur lequel la discussion des européens a achoppé.

 

L'autre problème posé est celui des intérêts. Les taux d'intérêts de la dette émise par les pays européens ne sont pas les mêmes d'un pays à l'autre. Les "bons" payent des taux faibles, les "moins bons" payent des taux élevés.

 

Comme on sait, le taux augmente avec le risque. Le taux d'un eurobond reflète donc la situation moyenne des taux. Cela signifie que les pays à taux élevés paieraient moins d'intérêts avec les eurobonds, et qu'inversement, le coût d'endettement des pays "vertueux" augmenterait.

 

 

 

 

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La solidarité a donc un double coût. Le coût potentiel de la défaillance de l'un des pays européens, et le coût réel d'une augmentation de la charge d'intérêts pour les pays vertueux.

 

On comprend la difficulté politique du problème. Dans aucun pays d'Europe il n'est possible de faire accepter de tels sacrifices à l'opinion publique.

 

le débat européen

 

Comme on sait la proposition relative à la création des eurobonds a été rejetée par les pays du Nord de l'Europe et par le premier d'entre eux, la République Fédérale d'Allemagne.

 

La  raison de ce refus n'est pas seulement liée à un problème d'opinion publique dans ces pays, qualifiés hâtivement d' "égoisme". Elle repose aussi sur un élément proche du bon sens du banquier. Le banquier ne débourse jamais un crédit avant que les conditions de ce crédit (garantie, engagement de rentabilité, équilibre des comptes, etc ...) soient satisfaites. Si l'argent est versé avant cela, il est illusoire de compter sur la mise en place de ces conditions.

 

Forts de ce principe, les pays du Nord ont dit aux pays du Sud: "Faites d'abord le ménage dans vos dépenses, et nous serons d'accord pour que l'Europe emprunte solidairement pour vous".

 

refus de l'Allemagne

 

Pour comprendre le refus de solidarité avec la Grèce dans l'opinion publique allemande, il faut s'immerger dans le contexte de ce pays.

 

Trois éléments sont à retenir, la réunification de 1989, les lois Schroeder et le système de péréquation fédérale.

-La réunification allemande de 1989 a donné lieu à un immense transfert de richesses de l'Ouest vers l'Est. Chaque foyer allemand a dû s'acquitter d'un impôt spécifique, l'Impôt de Solidarité.

-Les lois Schroeder et Harz de 1995 destinées à renforcer la compétitivité allemande se sont traduites par de sévères contraintes salariales ainsi que par des coupes drastiques dans le système d'indemnisation du chômage.

- La loi fédérale allemande en matière budgétaire stipule la contribution des régions (länder) riches en faveur des états pauvres. Ce mécanisme de solidarité des régions donne lieu chaque année à de violents débats. L'indiscipline, voire la paresse des régions pauvres est mise sur la place publique. La riche et vertueuse Bavière annonce qu'elle refuse de payer pour la Basse-Saxe dépensière. Après quelques semaines de discussion en et en dehors de la sphère parlementaire, les choses rentrent dans l'ordre, les budgets sont acceptés, et le mécanisme compensateur légal est appliqué.

 

On comprend mieux les réticences allemandes face aux Eurobonds. Elles ne découlent pas seulement d'une opinion a priori hostile au principe de solidarité. Elles procèdent aussi d'une analyse de bon sens.


Où serait la contrainte à la remise en ordre des économies concernées ( Grèce, Italienne, France, Espagne, ....) si du jour au lendemain ces pays pouvaient se financer sans problème et à bas coût ? Cette contrainte disparaîtrait instantanément.
La position de bon sens est donc pour chaque pays en difficulté de rétablir l'équilibre budgétaire et d'en faire une contrainte légale incontournable. C'est à ces conditions qu'un système d'eurobond sera mis sur pied un jour en Europe. Cela dit, le "prix à payer" pour le redressement budgétaire des pays concernés est énorme en termes économiques et sociaux. De sorte qu'une interrogation se fait jour à propos des alternatives à l'austérité. Un autre problème.
 

 

 

2015-2016 l'action de la BCE

La BCE a contourné de manière subtile le problème politique posé par les pays du Nord et notamment par l'Allemagne et leur refus d'émettre des eurobonds.

 

Il faut  savoir en effet que la presque totalité de la dette publique grecque est aujourd'hui détenue par la BCE. Donc finalement, c'est l'ensemble des pays européens qui prêtent à la Grèce à travers la Banque Centrale Européenne. C'était bien-là le but recherché par le biais des eurobonds.

 

Comment cela a-t-il été possible? C'est une des conséquences indirectes des mesures de 2014 et surtout du fameux plan de quantitative easing lancé au début de l'année 2015, poursuivi en 2016. La BCE a en effet offert aux banques européennes de racheter les obligations qu'elles détenaient dans leur bilan. Les banques suivent car les conditions de rachat sont très avantageuses.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  

 

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MAJ



06/06/2016